Les déchets, une image polysémique Ce travail se propose d'explorer, dans les domaines de la littérature et des arts visuels, un territoire souvent délaissé: celui des objets écartés en raison de leur insignifiance, ou éloignés du fait de leur danger, ou bien abandonnés parce que liés à la décomposition et à la mort, ou encore repoussés parce que malodorants, vieux et inutiles. Littérature et arts contemporains se focalisent sur les déchets, alors que les sociétés contemporaines, qui multiplient les produits de faible durée, essaient d'occulter ses ordures. Puisque les objets écartés prolifèrent de manière anarchique dans les économies du capitalisme tardif, la culture du XXe siècle, marquée par une abondance de rejets, écarts et ordures, se caractérise par la récurrence du phénomène de la réutilisation et du recyclage. Le objets artistiques sont souvent constitués par fragments et traces d'une totalité désormais perdue, alors que les œuvres littéraires thématisant les déchets deviennent de plus en plus nombreuses. Les objets écartés et de-fonctionnalisés représentent le revers des mythes d'efficacité, croissance et productivité, que les artistes veulent remettre en question. Les déchets peuvent repousser ainsi qu'attirer, ils suscitent des réactions contrastés: dégoût pour des restes à éliminer le plus rapidement possible, mais également pitié puisqu'ils sont aussi les vestiges mémoriaux d'une totalité irrémédiablement perdue, ou encore inquiétude face au signe visible du passage du temps, et nostalgie et fascination crépusculaire liées au sentiment du sublime postmoderne. La société contemporaine semble parfois trouver dans l’exhibition de ses déchets une paradoxale forme de rédemption. À partir des ordures il est possible, en effet, de construire quelque chose de complètement nouveau et d'envisager un ordre différent, comme l'illustrent les œuvres réalisés par des artistes-chiffonniers comme Joseph Cornell. À ce propos Charles Simic théorise une esthétique onnicompréhensive, en trouvant son matériel de travail pendant l'exploration urbaine: «Il modernismo in arte e in letteratura ha dato all'individuo una libertà senza precedenti d'inventarsi un suo mondo a partire dai frammenti di quello già esistente. Ha abolito le gerarchie della bellezza e ha consentito il combinarsi degli stili e l'aprirsi dell'esperienza quotidiana» . Jean Dubuffet aussi n'hésite pas à chercher les matériaux pour ses œuvres parmi les écarts parce qu'il vise à souligner la valeur esthétique des déchet: «J'usais de balayures recueillies [..], riches en bouts de fils et menus débris mêlés de poussière [...] Certains éléments végétaux empruntés aux légumes et que j'allais le matin chercher aux Halles dans le tas d'immondices me furent parfois de bon profit» . Les écarts deviennent porteurs d'une nouvelle dignité artistique, comme le soutient Dubuffet-même à maintes reprises: «...pour l'artiste, il n'y a pas de détritus qui tienne. La réalité tout entière se vaut» . L’œuvre d'art doit être, donc, «pleine des odeurs» du réel vécu.
I RIFIUTI NELLE ARTI E NELLA LETTERATURA CONTROARCHIVIO E MEMORIA DELL'UMANO
2018
Abstract
Les déchets, une image polysémique Ce travail se propose d'explorer, dans les domaines de la littérature et des arts visuels, un territoire souvent délaissé: celui des objets écartés en raison de leur insignifiance, ou éloignés du fait de leur danger, ou bien abandonnés parce que liés à la décomposition et à la mort, ou encore repoussés parce que malodorants, vieux et inutiles. Littérature et arts contemporains se focalisent sur les déchets, alors que les sociétés contemporaines, qui multiplient les produits de faible durée, essaient d'occulter ses ordures. Puisque les objets écartés prolifèrent de manière anarchique dans les économies du capitalisme tardif, la culture du XXe siècle, marquée par une abondance de rejets, écarts et ordures, se caractérise par la récurrence du phénomène de la réutilisation et du recyclage. Le objets artistiques sont souvent constitués par fragments et traces d'une totalité désormais perdue, alors que les œuvres littéraires thématisant les déchets deviennent de plus en plus nombreuses. Les objets écartés et de-fonctionnalisés représentent le revers des mythes d'efficacité, croissance et productivité, que les artistes veulent remettre en question. Les déchets peuvent repousser ainsi qu'attirer, ils suscitent des réactions contrastés: dégoût pour des restes à éliminer le plus rapidement possible, mais également pitié puisqu'ils sont aussi les vestiges mémoriaux d'une totalité irrémédiablement perdue, ou encore inquiétude face au signe visible du passage du temps, et nostalgie et fascination crépusculaire liées au sentiment du sublime postmoderne. La société contemporaine semble parfois trouver dans l’exhibition de ses déchets une paradoxale forme de rédemption. À partir des ordures il est possible, en effet, de construire quelque chose de complètement nouveau et d'envisager un ordre différent, comme l'illustrent les œuvres réalisés par des artistes-chiffonniers comme Joseph Cornell. À ce propos Charles Simic théorise une esthétique onnicompréhensive, en trouvant son matériel de travail pendant l'exploration urbaine: «Il modernismo in arte e in letteratura ha dato all'individuo una libertà senza precedenti d'inventarsi un suo mondo a partire dai frammenti di quello già esistente. Ha abolito le gerarchie della bellezza e ha consentito il combinarsi degli stili e l'aprirsi dell'esperienza quotidiana» . Jean Dubuffet aussi n'hésite pas à chercher les matériaux pour ses œuvres parmi les écarts parce qu'il vise à souligner la valeur esthétique des déchet: «J'usais de balayures recueillies [..], riches en bouts de fils et menus débris mêlés de poussière [...] Certains éléments végétaux empruntés aux légumes et que j'allais le matin chercher aux Halles dans le tas d'immondices me furent parfois de bon profit» . Les écarts deviennent porteurs d'une nouvelle dignité artistique, comme le soutient Dubuffet-même à maintes reprises: «...pour l'artiste, il n'y a pas de détritus qui tienne. La réalité tout entière se vaut» . L’œuvre d'art doit être, donc, «pleine des odeurs» du réel vécu.I documenti in UNITESI sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.
https://hdl.handle.net/20.500.14242/147774
URN:NBN:IT:UNIFI-147774