Cette thà¨se cherche dans la tradition europà©enne du droit civil romain le moyen de questionner l'à©volution normative des socià©tà©s contemporaines. Partant du constat d'un certain effacement du modà¨le formel de la manutention des normes juridiques, je remonte le fil de deux traditions d'à©tude disjointes. La premià¨re partie revient sur les systà¨mes idà©alistes de philosophie du droit, pour faire le compte des obstacles qui devaient empàªcher celle-ci d' «Â accoster la jurisprudence », c'est-à -dire de pràªter attention aux dimensions historiques et techniques du raisonnement juridique. Ce parti-pris aura entraà®nà© une contrepartie ironique : chez Kant, la mise en place d'une philosophie du jugement d'allure nettement juridique ; chez Hegel, la valorisation paradoxale du droit romain, à la fois attachà© à la figure historique de l'ancienne Rome et vouà© à dà©finir ad aeternam la forme abstraite de l'esprit objectif. Basculant sur le terrain du droit savant proprement dit, la seconde partie tà¢che alors de mettre en lumià¨re une polarità© à longue à©chelle au sein de la tradition juridique europà©enne, entre deux manià¨res d'«Â habiller les faits », c'est-à -dire de rapporter la pensà©e juridique à la rà©alità©. De la confrontation de deux couches d'interprà©tations distinctes du droit romain de la possession †" celle qu'on trouve dans la scolastique mà©dià©vale, principalement italienne, du XIIe au XIVe sià¨cle et celle qui ressort, au dà©but du XIXe sià¨cle, du Traità© de la possession en droit romain de Friedrich Carl von Savigny, ouvrage fondateur Cette thà¨se cherche dans la tradition europà©enne du droit civil romain le moyen de questionner l'à©volution normative des socià©tà©s contemporaines. Partant du constat d'un certain effacement du modà¨le formel de la manutention des normes juridiques, je remonte le fil de deux traditions d'à©tude disjointes. La premià¨re partie revient sur les systà¨mes idà©alistes de philosophie du droit, pour faire le compte des obstacles qui devaient empàªcher celle-ci d' «Â accoster la jurisprudence », c'est-à -dire de pràªter attention aux dimensions historiques et techniques du raisonnement juridique. Ce parti-pris aura entraà®nà© une contrepartie ironique : chez Kant, la mise en place d'une philosophie du jugement d'allure nettement juridique ; chez Hegel, la valorisation paradoxale du droit romain, à la fois attachà© à la figure historique de l'ancienne Rome et vouà© à dà©finir ad aeternam la forme abstraite de l'esprit objectif. Basculant sur le terrain du droit savant proprement dit, la seconde partie tà¢che alors de mettre en lumià¨re une polarità© à longue à©chelle au sein de la tradition juridique europà©enne, entre deux manià¨res d'«Â habiller les faits », c'est-à -dire de rapporter la pensà©e juridique à la rà©alità©. De la confrontation de deux couches d'interprà©tations distinctes du droit romain de la possession †" celle qu'on trouve dans la scolastique mà©dià©vale, principalement italienne, du XIIe au XIVe sià¨cle et celle qui ressort, au dà©but du XIXe sià¨cle, du Traità© de la possession en droit romain de Friedrich Carl von Savigny, ouvrage fondateur de l'à©cole historique du droit †" je tire plusieurs enseignements. Je montre non seulement le rà´le de l'adoption du principe kantien de l'autonomie de la volontà© dans le rejet, par Savigny, d'une grande partie des conceptions mà©dià©vales, mais surtout l'enrà´lement de la nouvelle philologie romantique dans la mise en place de cette dà©rivation, inà©dite pour l'histoire de la science juridique. Cela à©claire par contraste toute l'originalità© de la technique juridique mà©dià©vale. En m'appuyant sur l'analyse de deux points de doctrine dà©veloppà©s par les glossateurs et les commentateurs du Corpus iuris civilis : la classification casuistique des formes de possession en «Â plus ou moins factuelle », et la doctrine de la traditio ficta, c'est-à -dire du transfert fictif de la proprià©tà©, je fais valoir les «Â ontologies » que la scolastique juridique a su construire au grà© des cas, de manià¨re pratiquement indà©pendante. Dans cet usage libre et dà©lià© de la technique juridique, je propose d'entrevoir la clà© d'une juste comprà©hension de la place du droit dans le gouvernement des socià©tà©s contemporaines.
Le miroir des faits. Philosophie de l'habillage juridique dans la scolastique mà©dià©vale et ses lectures romantiques
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2014
Abstract
Cette thà¨se cherche dans la tradition europà©enne du droit civil romain le moyen de questionner l'à©volution normative des socià©tà©s contemporaines. Partant du constat d'un certain effacement du modà¨le formel de la manutention des normes juridiques, je remonte le fil de deux traditions d'à©tude disjointes. La premià¨re partie revient sur les systà¨mes idà©alistes de philosophie du droit, pour faire le compte des obstacles qui devaient empàªcher celle-ci d' «Â accoster la jurisprudence », c'est-à -dire de pràªter attention aux dimensions historiques et techniques du raisonnement juridique. Ce parti-pris aura entraà®nà© une contrepartie ironique : chez Kant, la mise en place d'une philosophie du jugement d'allure nettement juridique ; chez Hegel, la valorisation paradoxale du droit romain, à la fois attachà© à la figure historique de l'ancienne Rome et vouà© à dà©finir ad aeternam la forme abstraite de l'esprit objectif. Basculant sur le terrain du droit savant proprement dit, la seconde partie tà¢che alors de mettre en lumià¨re une polarità© à longue à©chelle au sein de la tradition juridique europà©enne, entre deux manià¨res d'«Â habiller les faits », c'est-à -dire de rapporter la pensà©e juridique à la rà©alità©. De la confrontation de deux couches d'interprà©tations distinctes du droit romain de la possession †" celle qu'on trouve dans la scolastique mà©dià©vale, principalement italienne, du XIIe au XIVe sià¨cle et celle qui ressort, au dà©but du XIXe sià¨cle, du Traità© de la possession en droit romain de Friedrich Carl von Savigny, ouvrage fondateur Cette thà¨se cherche dans la tradition europà©enne du droit civil romain le moyen de questionner l'à©volution normative des socià©tà©s contemporaines. Partant du constat d'un certain effacement du modà¨le formel de la manutention des normes juridiques, je remonte le fil de deux traditions d'à©tude disjointes. La premià¨re partie revient sur les systà¨mes idà©alistes de philosophie du droit, pour faire le compte des obstacles qui devaient empàªcher celle-ci d' «Â accoster la jurisprudence », c'est-à -dire de pràªter attention aux dimensions historiques et techniques du raisonnement juridique. Ce parti-pris aura entraà®nà© une contrepartie ironique : chez Kant, la mise en place d'une philosophie du jugement d'allure nettement juridique ; chez Hegel, la valorisation paradoxale du droit romain, à la fois attachà© à la figure historique de l'ancienne Rome et vouà© à dà©finir ad aeternam la forme abstraite de l'esprit objectif. Basculant sur le terrain du droit savant proprement dit, la seconde partie tà¢che alors de mettre en lumià¨re une polarità© à longue à©chelle au sein de la tradition juridique europà©enne, entre deux manià¨res d'«Â habiller les faits », c'est-à -dire de rapporter la pensà©e juridique à la rà©alità©. De la confrontation de deux couches d'interprà©tations distinctes du droit romain de la possession †" celle qu'on trouve dans la scolastique mà©dià©vale, principalement italienne, du XIIe au XIVe sià¨cle et celle qui ressort, au dà©but du XIXe sià¨cle, du Traità© de la possession en droit romain de Friedrich Carl von Savigny, ouvrage fondateur de l'à©cole historique du droit †" je tire plusieurs enseignements. Je montre non seulement le rà´le de l'adoption du principe kantien de l'autonomie de la volontà© dans le rejet, par Savigny, d'une grande partie des conceptions mà©dià©vales, mais surtout l'enrà´lement de la nouvelle philologie romantique dans la mise en place de cette dà©rivation, inà©dite pour l'histoire de la science juridique. Cela à©claire par contraste toute l'originalità© de la technique juridique mà©dià©vale. En m'appuyant sur l'analyse de deux points de doctrine dà©veloppà©s par les glossateurs et les commentateurs du Corpus iuris civilis : la classification casuistique des formes de possession en «Â plus ou moins factuelle », et la doctrine de la traditio ficta, c'est-à -dire du transfert fictif de la proprià©tà©, je fais valoir les «Â ontologies » que la scolastique juridique a su construire au grà© des cas, de manià¨re pratiquement indà©pendante. Dans cet usage libre et dà©lià© de la technique juridique, je propose d'entrevoir la clà© d'une juste comprà©hension de la place du droit dans le gouvernement des socià©tà©s contemporaines.I documenti in UNITESI sono protetti da copyright e tutti i diritti sono riservati, salvo diversa indicazione.
https://hdl.handle.net/20.500.14242/260223
URN:NBN:IT:UNIROMA3-260223